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http://www.rts.ch/info/culture/5313615-des-ecrits-inedits-pour-cloturer-les-oeuvres-completes-de-ramuz.html
Des écrits inédits pour clôturer les œuvres complètes de Ramuz
22.10.2013 19:35
Le 29e et ultime volume des œuvres complètes de Charles-Ferdinand Ramuz sera publié ces prochains jours. Cet ouvrage met fin au chantier Ramuz, qui aura duré 10 ans et coûté près de 5 millions de francs.
C'est l'une des grandes aventures à la fois littéraire et patrimoniale de la décennie en Suisse romande qui prend fin: l'édition des œuvres complètes de Charles-Ferdinand Ramuz. Ce que l'on appelé le chantier Ramuz, lancé en 2001, aura coûté près de 5 millions de francs.
Il s'achève avec la parution prochaine aux Editions Slatkine du 29e et ultime volume des œuvres complètes de l'écrivain vaudois, un volume entièrement composé d'inédits retrouvés à La Muette, demeure pulliérane de l'écrivain.
Parmi ceux-ci, un roman ou encore des notes prises au Louvre lorsque l'écrivain vaudois était à Paris avant la Grande Guerre.
Cinq millions de francs
Il aura fallu plus dix ans de travail pour réaliser cette édition, qui comprend également les deux volumes réunissant l'œuvre romanesque de Charles-Ferdinand Ramuz dans la prestigieuse collection "Bibliothèque de la Pléiade" chez Gallimard, à Paris.
Une quarantaine de chercheurs ont travaillé au chantier Ramuz. Plusieurs fondations ont contribué à son financement, ainsi que l'Etat de Vaud et l'Office fédéral de la culture. Le coût total de l'entreprise avoisine les cinq millions de francs.
Raphaël Aubert/dk
Un album sur les "vies" de Ramuz
Outre la parution de cet ultime volume intitulé "Notes anciennes et textes retrouvés", la fin du chantier Ramuz donne aussi lieu à un album consacré aux "Vies de Charles-Ferdinand Ramuz". Cet album, signé Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, présente des écrits de l'écrivain vaudois, mais aussi de nombreux documents: coupures de presse, photos, peintures.
Dans Le Temps :
"Ramuz retrouvé, Ramuz à réinventer"
Epopée littéraire
samedi 02 novembre 2013Roger Francillon et Daniel Maggetti racontent l’aventure des Œuvres complètes, un vaste chantier qui a mené à la publication de 29 volumes, dont le dernier porteur d’un roman inédit, «La Vieille Henriette» paraît la semaine prochaine. Les deux professeurs disent comment l’image de l’homme et de l’écrivain a changé à la lumière des textes retrouvés
Genre: Œuvres complètes
Qui ? C. F. Ramuz
Titre : Notes anciennes et textes retrouvés. Vol. XXIX
Chez qui ? Slatkine, 522 p.
Notes anciennes et textes retrouvés, qui paraît en ce début novembre 2013 (en librairie la semaine prochaine), met un point final à une entreprise énorme et unique à ce jour en Suisse romande, dont l’idée a germé dans les années 1990: l’édition des Œuvres complètes de C. F. Ramuz (1878-1947).
Il a fallu – pour réunir en 29 volumes son journal, ses écrits de jeunesse, ses nouvelles, une partie de sa poésie, son théâtre, ses articles et chroniques, ses essais, ses écrits autobiographiques, ses romans et quelques carnets et notes de lecture – que ses manuscrits quittent La Muette à Pully, grâce à Doris Jakubec, pour être inventoriés et microfilmés soigneusement. Il a fallu trouver un éditeur – ce sera finalement Slatkine à Genève – et prévoir un calendrier et des formes de publications qui ne feraient pas d’ombre aux deux volumes de la Pléiade (parus en 2005), qui devaient pour leur part se limiter aux romans. Il a donc fallu différer la publication des romans de Ramuz – qui parachèvent en effet cette édition Slatkine – pour commencer, en 2005 également, par le Journal de Ramuz. Il a fallu enfin trouver des fonds (plus de quatre millions et demi de francs venus de l’Etat de Vaud, le Fonds de la recherche scientifique, la Loterie Romande, la Fondation Sandoz, la Fondation Leenaards) et rassembler une équipe, nombreuse, prête à se lancer dans ce qui deviendra très vite le « chantier Ramuz ».
« La Vieille Henriette »
Toujours à sa table
Ramuz était un travailleur infatigable, expliquent Roger Francillon et Daniel Maggetti. Sans relâche, il écrivait, retouchait, retravaillait ses textes. « C’est un auteur qui, dès le début, consacre en tout cas cinq ou six heures par jour à l’écriture, détaille Daniel Maggetti. Il est très systématique. Toujours à sa table de travail. Ce n’est pas un écrivain de plein air. On trouve peu de notes, de griffonnages, à la différence d’un Cingria ou d’un Roud. Dès le moment où il rédige une première version, il achète du grand papier, souvent du beau papier, avec de grandes marges. Son écriture est belle. Il est très linéaire. Il se donne une ligne et la suit. Ce n’est pas un rhapsode. Il fait des plans et développe de façon très organisée. » « Et quand il n’est pas satisfait, il recommence, ajoute Roger Francillon. Il retouche. Tous ses manuscrits portent les traces de deux ou trois relectures. Les épreuves sont de nouveau corrigées et ainsi de suite. Et il reprend ses romans, entre chaque édition. »
Les textes bougent, donc, d’une parution à l’autre. Dans la Pléiade, Aline date de 1941. Chez Slatkine, on lit la version originale de 1905. Mais deux autres versions ont été publiées entre ces deux dates. Pour Farinet ou la fausse monnaie, il manque carrément un chapitre entier, selon que le livre s’adresse à un public suisse ou parisien, note Daniel Maggetti. Comment faire pour rendre compte de toutes ces variantes? Comment faire lorsque 22 romans publiés représentent en fait 78 textes différents?
L’ADN des textes
Il n’y a pas que les textes qui ont bougé et qui se retrouvent aujourd’hui stabilisés dans cette édition. L’image de Ramuz lui-même, cette image de grand homme, soigneusement peaufinée par l’écrivain de son vivant, lui qui écrivait dans son Journal, en 1910, « Je ne me connais pas, je m’imagine », cette image n’est plus tout à fait la même, pour les chercheurs. En témoigne d’ailleurs le bel album illustré, intitulé Vies de C. F. Ramuz, signé Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, qui accompagne la sortie des derniers volumes des Œuvres complètes et qui témoigne de ce nouveau regard et des vies plurielles de l’écrivain.
Une nouvelle biographie
Daniel Maggetti, de son côté, s’étonne qu’on ait si peu questionné sa légende jusqu’ici : « Il y a certaines mythologies qu’il a entretenues et qui sont assez loin de la vérité, sur sa famille, sur son rapport à l’argent. On l’a toujours cru pauvre, il n’a en fait jamais manqué de rien et il gérait très bien ses affaires. Il se présente comme un écrivain qui s’est fait tout seul. Or on découvre combien certains auteurs ont été importants pour lui. Par ailleurs, le Ramuz le plus apprécié, le plus folklorisé, c’est celui de la célébration : Lavaux, la vigne, Passage du poète, la montagne. Mais dans les faits, ses textes qui sont à certains égards les plus forts sont d’un pessimisme très noir. Il a beaucoup de doutes. »Enfin, ajoute le directeur du Centre de recherches sur les lettres romandes, « on découvre un écrivain non pas « engagé », mais qui mène en permanence une réflexion en lien avec la réalité contemporaine. Il ne vit pas dansun monde de fiction séparé. Il est très attentif à ce qui se passe autour de lui, et il tient à l’exprimer. Il avait l’ambition de dialoguer avec les intellectuels de son temps. »
Plus qu’une nouvelle biographie, c’est « une thématique, une esthétique nouvelles » que dessinent ces Œuvres complètes autour de Ramuz, estime Daniel Maggetti. « On peut se poser, maintenant, la question du projet de l’écrivain dans son ampleur, sous ses différentes facettes, de sa véritable relation au monde. » Un nouveau chantier, peut-être, pour un Ramuz que ses œuvres, enfin défrichées, permettent désormais de réinventer.
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