dimanche 11 janvier 2015

Contribution à une journée de recueillement (11 janvier 2015)...

"Ethique et politique" fut le titre de notre récent colloque sur Ramuz !
Nous proposons, en des temps si troublés, un modeste encouragement à la lecture.


Avec C. F. RAMUZ :
 " La nuit de ce qui a été, derrière celui qui s'en va, tandis que devant lui est la nuit de ce qui n'est pas encore ; - contre quoi il s'avance, et persévère s'avançant, et contre ce grand talus d'ombre, parce que là les forêts commencent : alors lui-même disparaît, et sa personne disparaît, allant plus loin dans rien du tout, afin que quelque chose soit."
C. F. Ramuz, Passage du Poète,1923 ; in Romans, coll. La Pléiade, II, p. 317.

" Il y a en avant de nous quelque chose qu'il nous faut constamment rejoindre pour être constamment dépassés par lui à nouveau, car cette course n'a pas de fin, mais cette course est exaltante. L'homme trouvera sa plénitude dans le sacrifice complet de sa personne au progrès de l'humanité, ne progressant lui-même qu'en elle, et à travers elle ; ses propres gains ne figurant dans l'addition qu'en vue de l'augmentation du total."
C. F. Ramuz, Besoin de grandeur, Grasset, 1938, pp. 186-7.

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Avec Albert CAMUS :
"Savez-vous, disait Napoléon à Fontanes, ce que j'admire le plus au monde "? C'est l'impuissance de la force à fonder quelque chose. Il n'y a que deux puissances au monde : le sabre et l'esprit. A la longue, le sabre est toujours vaincu par l'esprit."
Les conquérants, on le voit, sont quelquefois mélancoliques. [...] Mais aujourd'hui, les choses ont changé. L'esprit a perdu cette royale assurance qu'un conquérant savait lui reconnaître ; il s'épuise maintenant à maudire la force, faute de savoir la maîtriser.
De bonnes gens disent que cela est un mal. Nous ne savons pas si cela est un mal, mais nous savons que cela est. La conclusion est qu'il faut s'en arranger. Il suffit alors de connaître ce que nous voulons. Et ce que nous voulons justement c'est ne plus jamais nous incliner devant le sabre, ne plus jamais donner raison à la force qui ne se met pas au service de l'esprit. C'est une tâche, il est vrai, qui n'a pas de fin. Mais nous sommes là pour la continuer. [...] Naturellement, c'est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout.
Albert Camus, "Les Amandiers", 1940, in Essais, coll. La Pléiade, pp. 936-837.

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