vendredi 26 février 2016

Nouvelles publications de membres de l'association

Sous la direction de notre collègue Christine Dupouy

La Poésie, entre vers et prose,
Presses universitaires François-Rabelais

 
Étymologiquement, le vers (de vertere, tourner), qui va à la ligne, s’oppose à la prose qui, elle, va tout droit (prorsum). Cette définition paraît simple. Et de fait pendant longtemps, non seulement vers et prose ont évolué de façon singulière, mais ils ont aussi dialogué dans le cadre du prosimètre, qui s’est développé de l’Antiquité au XVIIe siècle.
Or, depuis Rousseau, les frontières entre la prose et la poésie sont devenues beaucoup plus incertaines. On a assisté à la naissance de la prose poétique, du poème en prose, du vers libre. En même temps, à la fin du XXe siècle, semble s’être opéré un certain retour au vers régulier. Quels sont les enjeux de ces mutations essentielles ?
Une bonne partie des études présentées dans ce livre porte sur le vingtième siècle, avec pour soubassement de solides références à l’Antiquité, au Moyen Âge et au XVIIe siècle. On voit que dans la prose se fait jour le vers, comme inversement le vers va vers la prose : il y a, pour reprendre la formule de Michel Collot, « hybridation de la prose et du vers ».
Sans prétendre à l’exhaustivité, ce livre pose des balises claires pour mieux appréhender le phénomène contemporain du dialogue de la prose et des vers.

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De Michel Arouimi, dernière publication : 



 
En décrivant la mort de Billy Budd dans le récit éponyme, Hermann Melville a raturé dans ses brouillons la « shekinah », en lui préférant « le rose de l’aube » qui se déverse sur le corps du pendu, allégorique à maints égards. L’énigme de cette rature, qui porte sur un mythe essentiel du judaïsme, peut s’éclairer par les innombrables réminiscences de Billy Budd dans le roman de Henri Bosco Les Balesta, où la rose n’est pas le seul attribut de la « shekinah » qui soit l’objet d’une christianisation insistante. Le lien des deux traditions implique les fondements de l’esthétique universelle, éprouvés par ces poètes dans l’écriture.
La couleur rose, dans une nouvelle de Kafka, est le support d’un questionnement analogue. De même dans d’autres récits de Kafka, avec les détails chromatiques qui soulignent leur construction.    Le mythe hébraïque ne fait qu’associer la rose à une vérité sans âge, qui revit aussi bien dans les premiers romans de Victor Hugo et dans ses Choses vues. Ces écrivains nous proposent en fait une leçon sur la permanence du sacré et sur la valeur de ses principes, devenus incompréhensibles pour le monde moderne, immergé dans les formes matérielles et violentes de la dualité.

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