"C. F. RAMUZ, silence(s), bruit(s), musique(s)"
Université de Genève, 12-13 octobre 2017
Uni-Bastions, Bâtiment principal, rue de Candolle 5, Genève
En partenariat avec l'Université d'Artois
et l'Association ds Amis de Ramuz, Université de Tours
actualisé d'après la version en ligne sur Fabula
https://www.fabula.org/actualites/c-f-ramuz-silences-bruits-musiques_80769.php
https://www.fabula.org/actualites/c-f-ramuz-silences-bruits-musiques_80769.php
Jeudi 12 octobre
Matin : 9 h 15- 12 h 30
Sylviane Dupuis, UNIGE : introduction 15 mn.
Musique et esthétique poétique ; collaborations Ramuz/Stravinsky
(modération : Doris Jakubec,UNIL)
*09 h 30 Ulrich Mosch, UNIGE - "Non pas une traduction, mais une réelle transposition des textes russes." C. F. Ramuz traducteur des textes russes d’œuvres d'Igor Stravinsky
*10 h Eric Eigenmann, UNIGE - Portrait du Lecteur en percussionniste (Histoire du Soldat de C. F. Ramuz)
*10 h 30 Discussion, pause
*11 h 15 Stéphane Pétermann, UNIL - Sur la musique : présentation d'un inédit de 1903 et réflexion sur le rapport à la musique et sur le "dialogue des arts" chez Ramuz
*11 h 45 Valérie Bucheli, UNIGE - Ramuz face à la musicalité symboliste, de Raison d'être aux "Grands Moments de l'Art français au XIXe siècle"
*12 h 15 Discussion
12 h 30 Déjeuner
Après-midi : 14 h 15-18 h 30
La langue comme musique
(modération :Laurent Jenny, UNIGE)
*14 h 15 Pierre Fasula, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France) - "La musique de notre langue"
*14 h 45 Valentine Nicollier, UNIL - "Le ton est l'unité même ; il est l'idée profonde et musicale [...] Il faut aspirer à la solidité mélodique des vieilles sonates" : ce que le métadiscours ramuzien doit à la musique
*15 h 15 Philippe Renaud, UNIGE - Passage du poète comme "symphonie" ?
*15 h 45 Discussion, pause
*16 h 30 Océane Guillemin, UNIL - "Ecoute bien comment la chanson va" : enjeux interprétatifs du motif de la chanson dans l'oeuvre romanesque de C. F. Ramuz
*17 h Siba Barkataki, Université de Delhi (Inde) - La régénération esthétique d'un monde par le biais de la narration sonore : une étude du roman Présence de la Mort
*17 h 30 Discussion
19 h 30
Concert autour de Ramuz-Stravinsky (Salle de Bourse, Genève)
en collaboration avec la Haute Ecole de Musique de Genève
(textes traduits par C. F. Ramuz et textes en russe mis en musique par Igor Stravinsky + musique de chambre de la même époque (années 1914-1915) de Debussy, Fauré, Ravel...)
21 h 15
Dîner au Café du Marché
Vendredi 13 octobre
[ Matin, 10 h (sur invitation) : Dies Academicus ]
Après-midi : 14 h 15 - 18 h
Bruits des hommes, de la ville et de la nature dans les romans ramuziens
(modération : Jérôme David, UNIGE)
*14 h 15 Martin Rueff, UNIGE -Les voix des enfants
*14 h 45 Gérard Poulouin, Université de Caen, Président des Amis de Ramuz (France) - Les bruits de la ville
*15 h 15 Discussion, pause
*15 h 45 Laura Laborie, Université de Toulouse (France) - A l'écoute des bruits de la nature dans Derborence : animisme, chaos originel et cris de l'expression
*16 h 15 Christian Morzewski, Université d'Artois (France) - La montagne ramuzienne : entre "chant du monde" et "silence éternel de ces espaces infinis"
*16 h 45 Jean-Louis Pierre, Université de Tours, Président d'honneur des Amis de Ramuz (France) - Histoires d'eaux
Discussion et clôture
*12 h 15 Discussion
12 h 30 Déjeuner
Après-midi : 14 h 15-18 h 30
La langue comme musique
(modération :Laurent Jenny, UNIGE)
*14 h 15 Pierre Fasula, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France) - "La musique de notre langue"
*14 h 45 Valentine Nicollier, UNIL - "Le ton est l'unité même ; il est l'idée profonde et musicale [...] Il faut aspirer à la solidité mélodique des vieilles sonates" : ce que le métadiscours ramuzien doit à la musique
*15 h 15 Philippe Renaud, UNIGE - Passage du poète comme "symphonie" ?
*15 h 45 Discussion, pause
*16 h 30 Océane Guillemin, UNIL - "Ecoute bien comment la chanson va" : enjeux interprétatifs du motif de la chanson dans l'oeuvre romanesque de C. F. Ramuz
*17 h Siba Barkataki, Université de Delhi (Inde) - La régénération esthétique d'un monde par le biais de la narration sonore : une étude du roman Présence de la Mort
*17 h 30 Discussion
19 h 30
Concert autour de Ramuz-Stravinsky (Salle de Bourse, Genève)
en collaboration avec la Haute Ecole de Musique de Genève
(textes traduits par C. F. Ramuz et textes en russe mis en musique par Igor Stravinsky + musique de chambre de la même époque (années 1914-1915) de Debussy, Fauré, Ravel...)
21 h 15
Dîner au Café du Marché
Vendredi 13 octobre
[ Matin, 10 h (sur invitation) : Dies Academicus ]
Après-midi : 14 h 15 - 18 h
Bruits des hommes, de la ville et de la nature dans les romans ramuziens
(modération : Jérôme David, UNIGE)
*14 h 15 Martin Rueff, UNIGE -Les voix des enfants
*14 h 45 Gérard Poulouin, Université de Caen, Président des Amis de Ramuz (France) - Les bruits de la ville
*15 h 15 Discussion, pause
*15 h 45 Laura Laborie, Université de Toulouse (France) - A l'écoute des bruits de la nature dans Derborence : animisme, chaos originel et cris de l'expression
*16 h 15 Christian Morzewski, Université d'Artois (France) - La montagne ramuzienne : entre "chant du monde" et "silence éternel de ces espaces infinis"
*16 h 45 Jean-Louis Pierre, Université de Tours, Président d'honneur des Amis de Ramuz (France) - Histoires d'eaux
Discussion et clôture
Colloque international 2017
– Université de Genève
« C. F. Ramuz, silence(s), bruit(s), musique(s) »
Organisation
Sylviane Dupuis, Université de Genève – Martin Rueff,
Université de Genève
Christian Morzewski, Université d’Artois – Jean-Louis
Pierre, Université de Tours
Comité
scientifique
Jérôme David, Université de Genève -Doris Jakubec, prof. honoraire, Université de Lausanne -
Laurent Jenny, prof. honoraire, Université de Genève -
Daniel
Maggetti, Jérôme Meizoz, Université de Lausanne –
Nathalie Piégay, Université
de Genève
(et organisateurs)
En partenariat avec l’Université d’Artois
et
l’Association des Amis de C. F. Ramuz, Université de Tours
« La musique est l’art que je goûte le plus. »…
« Je voudrais être musicien,
improviser mon âme sur un piano. Il me semble que là seulement je trouverais à
m’exprimer. » (C. F. Ramuz, Journal) :
sous la litanie incessamment répétée d’un Ramuz qui se voudrait
« peintre » – propos d’ailleurs souvent mal contextualisé ! –,
on a oublié l’intérêt premier du Poète pour la musique, dont témoignent maintes
pages du Journal, sa formation
musicale, et la richesse des rapports que l’homme et l’œuvre ont entretenu
continûment avec cet art. A l’« exaspération
de l’acuité visuelle » qui caractérise Ramuz selon Michel Dentan, et à
son amour de la peinture, répondent à l’évidence une exaspération de l’acuité
auditive et une passion pour la musique sous toutes ses formes qu’illustreront,
d’une part, L’Histoire du Soldat et
la fructueuse collaboration entre Igor Stravinski et Ramuz, et d’autre part le
manifeste esthétique ramuzien de 1927, son roman La Beauté sur la terre, où la musique se voit attribuer une
fonction décisive. « Tout ce qui est
rythme ou volume de son ou encore ce qui est timbre, m’appartient de droit,
parce que le rythme, le son, le timbre, ne sont pas seulement de la musique […] ils sont au commencement de tous les arts »,
écrivait encore Ramuz dans ses Souvenirs
sur Igor Strawinsky.
De
même que la langue est d’abord musique et chant avant d’être une évocation du
monde, un ensemble de signifiants avant de signifier, elle est geste du corps et souffle essentiel.
L’écriture
ramuzienne est musique, faite de reprises, de multiples échos sonores internes
à la phrase, ou résonnant dans le paragraphe, voire dans la page ou dans les
chapitres. Fondée sur la répétition,
elle se développe « en
spirale » (Ramuz) autour de quelques thèmes et motifs clés sans cesse
repris, ou variés comme dans une fugue.
La
syntaxe elle-même est construite dans cette visée et lorsque Ramuz exprime son
admiration pour la langue de Péguy et son « procédé
de composition », nul doute qu’il songe à son propre travail :
« Ce procédé de composition est
éminemment musical. Il consiste en « entrées » successives, en
parenthèses incluses les unes dans les autres […] ou encore si on veut, en
vagues échelonnées, – le tout finissant, comme dans un morceau
d’orchestre, par un certain nombre de résolutions. De sorte que ces volumes ne
comportent aucune des divisions ordinaires en parties et chapitres, mais un
grand nombre de paragraphes que séparent des « espèces » savamment
dosés, et à la faveur desquels l’auteur tour à tour introduit un motif nouveau
ou se débarrasse de celui qu’il vient de traiter, quitte à le reprendre plus
loin, l’ensemble s’écoulant d’un seul mouvement et d’une seule masse, comme une
symphonie. A l’ordre logique, Péguy substitue constamment un ordre qu’il faut
bien nommer, faute d’un autre mot, « poétique », ou encore intuitif
[…] ».
Et
Ernest Ansermet de souligner combien il fut sensible à cet aspect de la langue
de Ramuz : « A l’époque où sa
syntaxe laissait les gens interdits, j’y avais accédé d’emblée parce que
j’avais senti qu’elle obéissait à des nécessités musicales , c’est-à-dire
expressives, plutôt qu’à des nécessités logiques. ».
Ramuz est aussi – avant Céline, qui
l’admirait – le pionnier d’une « littérature de l’oralité » fondée
sur ce qu’il appelait la « langue-geste », et fut un grand lecteur de
ses propres œuvres (comme en témoigne par exemple la Tribune de Lausanne du 3 novembre 1923 : « Monsieur Ramuz est un lecteur consommé [des phrases] qu’il
a créées dans le silence du cabinet »). Dès 1914, il observe que « l’état de poésie […] ne consiste pas uniquement dans ce qui se
dit » (ou s’écrit), mais dans « cette
plus belle musique » ou « ce
plus beau chant » qui seraient le geste de tous, utopie que
matérialisera Passage du poète en
faisant de chaque villageois un poète après le passage de Besson, le vannier… Or
Passage du poète (qui a fonction
d’« Art poétique ramuzien », selon Philippe Renaud) se donne comme
cadre référentiel… les lieux mêmes de la première rencontre entre Ramuz et
Stravinski.
Si
Ramuz donne à voir, il donne également beaucoup à entendre et à écouter.
Paroles et signes de l’univers, du chant du Rhône au silence pascalien de la
haute montagne (dans La Grande Peur ou Derborence) ou au silence des Hommes
devant la Beauté (dans La Beauté sur la
terre)… simples chansons
rustiques ou populaires (premiers poèmes du
Petit Village déjà intitulés « Chanson »)… L’importance des
rapports de Ramuz et de la musique ne se résume pas au travail avec Igor
Strawinsky, en particulier à cette Histoire
du soldat trop souvent mise en avant au détriment d’autres œuvres et
d’autres collaborations.
L’œuvre
ramuzienne comme une immense symphonie ? Chaque récit comme un morceau et
les « morceaux » eux-mêmes comme des éléments d’une vaste
composition ?
Le romancier se montre aussi constamment attentif
aux bruits, des plus terribles (orages, montagne qui s’écroule, crépitements de
l’incendie…) aux plus infimes (crissements de sauterelles, murmure des
fontaines, clapotis du lac…). Mais sa parole ne cesse de s’adosser à un
silence, à la menace en permanence du mutisme, ou de l’étranglement – et
peut-être à un vide essentiel : Ramuz plus proche qu’on ne l’imagine de
Mallarmé, poète musicien, mais aussi nietzschéen, que hantent l’absence de Dieu
et le Néant, ou le doute sur les pouvoirs de l’art et son
« mensonge » ?...
Telles sont (parmi d’autres) les questions qu’il s’agira
de mettre en commun pour tenter, grâce à la publication des Œuvres enfin complètes et de leur appareil critique, de renouveler la lecture de
ce grand romancier suisse romand de la modernité.
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