mercredi 18 février 2009

"La pensée remonte les fleuves", citation de C. F. RAMUZ devenue d'actualité?

Cette belle formule de Ramuz, "la pensée remonte les fleuves", a été choisie comme titre d'un ouvrage posthume qui est soustitré "Essais et réflexions"( Plon, coll.'Terre humaine",1979; rééd. Presses Pocket, 1994).
Elle entrerait merveilleusement dans un droit de réponse à l'éminente personnalité qui s'est permis de citer Jaurès et de trahir sa pensée.
Voici la phrase de M. Sarkozy: "Un fleuve est fidèle à son identité en allant vers la mer et non pas en revenant vers la source."
Voici la phrase de Jaurès: "C'est en courant à la mer que le fleuve est fidèle à sa source."
NB: Nous devons le rappel et la dénonciation du "mauvais" plagiat à Jean-Claude Renoux (in l'hebdomadaire Marianne, n°616, 7-13 févr. 2009).
A chacun sa logique, on le voit, mais la pensée de Ramuz, dans la concision de son image, a le mérite de dépasser le débat. Depuis Héraclite, c'est un topos de dire qu'"on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve", parce que ce dernier, en effet, coule vers la mer, et nous, vers la mort. Pour échapper à ce déterminisme "physique", il y a heureusement ceux qui - comme Ramuz - nous rappellent que nous avons à agir contre "la force des choses", lorsqu'elle nous aliène : "La pensée remonte les fleuves", C.Q.F.D.

2 commentaires:

  1. A mon sens, il n'y a pas de force des choses, il y a des faits qui ne sont pas fatals pour peu de les dénoncer.
    La pensée remonte les fleuves, c'est a dire fait le parcours inverse du courant pour mieux dire en quoi les idéologies nationales socialistes, communistes russe etc sont des impostures et seront emportés par les fleuves.
    J'observe que Jaurès fait une belle métaphore à partir du cycle de l'eau et que notre président en fait une belle sentence sur la question de "l'identité" des fleuves, c'est déjà ça.
    gj

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  2. Merci à l'internaute anonyme d'avoir, pour l'anniversaire de ce message, souligné le danger des gloses sur des phrases que l'on a extraites de leur contexte... Je suis heureuse de pouvoir clarifier ce point dans le message du 25 février 2010, en ce qui concerne la phrase de Ramuz, ce qu'elle peut signifier, et ce qu'en a fait le titre du recueil éponyme.
    Liliane Jouannet, vice-présidente des Amis de Ramuz

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