mercredi 4 mars 2009

Bulletin des Amis de Ramuz 19 (1999)















A Saillon... en hommage à Farinet ( qui a inspiré à Ramuz un célèbre roman) la plaque des Amis de Ramuz, prête à être posée (été 1999)


TABLE DES MATIERES DU BULLETIN 19:

VIE DE L'ASSOCIATION:

* A. G. et bilan financier 1999.

*Réponses à notre questionnaire sur la forme et le fond de notre Bulletin...et sur la manière dont les membres de l'association ont rencontré Ramuz.

*Projet du Dictionnaire des oeuvres de Ramuz; notice publiée à titre d'exemple: La Grande Peur dans la montagne.

* Le dernier silence d'Adrien Pasquali, par Liliane Jouannet: cf. ci-dessous.

ACTUALITES RAMUZIENNES:

*Brèves, par Gérard Poulouin.

*Le Grand Saint-Bernard, par André Aubailly.

* Retour à Lens, par André Aubailly.

ETUDE:

*André Gide et Ramuz, par Gérard Poulouin.

DE RAMUZ:
* Quelques lettres: à Eric de Montmollin; à Albert Muret; à Philippe Soupault (commentaire de Jean-Louis Pierre).

FONDS RAMUZ:

*Présentation du Fonds et manuel d'interrogation du catalogue informatisé, par Catherine Moreau.
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Nous choisissons de publier un extrait de ce Bulletin, en hommage à la mémoire d'Adrien Pasquali, auteur d'une thèse sur Ramuz (édition commentée d'Adam et Eve, en 2 vol.).

1999/2009, DIX ANS DEJA: SOUVENIR D'UN HOMMAGE


Voici un extrait du texte publié dans le Bulletin 19:


"Le dernier silence d'Adrien Pasquali"


" Le dernier livre d'Adrien Pasquali, Le Pain de silence, a été publié en mars 1999, et le 23 du même mois l'auteur a choisi de se donner la mort. Le lecteur reçoit avec émotion ce long thrène poétique sur l'intolérable silence dont fut, en quelque sorte, "nourrie" son enfance [cf. sens, ici, du mot "pain?].
" Le texte fascine, a priori, par sa disposition typographique: il se "déroule", sans commencement (pas de majuscule), ni fin (pas de point), sans aucune coupure que celle des deux chapitres, mais qui semblent plus être les strophes d'un immense poème, en prose. Ces strophes sont tissées autour de deux phrases incrustées comme des refrains: celle de (ou attribuée à) la mère ( sans doute n'as-tu jamais été un enfant) et celle du père (parlez plus doucement). Autour de ces deux phrases, à la fois si pauvres et si définitives, l'auteur construit une méditation passionnée et douloureuse sur lui- même, sur le monde, sur les mots:
[...] et"sans doute n'as-tu jamais été un enfant" pourrait vouloir dire, non pas que je n'ai pas été mis au monde, en l'état actuel des choses, cela semble plutôt improbable ou inconvenant, mais que j'aurais été mis au monde tout grand, tout fait et tout imparfait à la fois, enfant, adolescent, adulte, peu importe ou presque, pourquoi pas, mais pas enfant, pas pas parlant (1) dans le repos, le délassement, la déliaison d'un bain de paroles, pas parlant dans la béatitude tenace d'un sourire, d'un cri, d'un babil comme une grande bouffée d'air frais, et que si cette mort qui a déjà eu lieu mais doit durer toute une vie [...], si elle sait pouvoir prendre tout son temps, n'étant pas pressée, sûre que le dernier mot, le dernier soupir lui appartient, comme lui appartient le premier, [...] il faut continuer, d'une suite de mots, jamais une phrase, sans point final, ni suspension, ni exclamation, ni interrogation, ni parenthèse ouverte, fermée, ni guillemets, ouverts, fermés, que sais-je encore?, il viendra sans doute un jour, où grâce à la pâte des mots, je m'installerai dans cette pierre, et où je serai tout à fait né
Le Pain de silence, pp. 84-85, (fin du premier chapitre), éd. Zoé, 1999.
[...]


(1): l'étymologie latine du mot "enfant" est infans, et signifie: "celui qui ne parle pas".

L. J.

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