Notre Président, Gérard Poulouin, est un grand lecteur... Voici quelques suggestions de sa part:
Les Anneaux de Saturne
Traduit de l’allemand par Bernard Kreiss
Actes Sud, 1999.
Édition originale : 1995.
« […] Aujourd’hui, plus d’un an après ma sortie de l’hôpital, ayant entrepris de recopier mes notes au propre, je ne puis m’empêcher de penser qu’à ce moment-là, tandis que mon regard plongeait du huitième étage sur la ville gagnée par le crépuscule, Michael Parkinson était encore en vie, dans sa maison exiguë de Portersfield Road, occupé sans doute, comme d’habitude, aux préparatifs de quelque séminaire ou à la rédaction de son étude sur Ramuz à laquelle il consacrait depuis des années le plus clair de son temps. Michael, quarante ans, célibataire, était, comme je le crois, l’un des hommes les plus innocents qu’il m’ait été donné de rencontrer. Rien ne lui était plus étranger que son intérêt personnel, rien ne lui tenait autant à cœur que l’accomplissement de son devoir, en particulier dans les conditions de plus en plus difficiles que nous rencontrions depuis un certain temps. Mais plus que par n’importe quoi d’autre, il se distinguait par une absence de besoins dont certains disaient qu’elle confinait à l’excentricité. En un temps où la plupart des gens doivent acheter sans cesse quelque chose pour assurer leur entretien, Michael n’achetait pratiquement jamais rien. D’une année à l’autre, il portait, depuis que je le connaissais, alternativement une veste bleu marine ou brun rouille, et quand les manches ou les coudes étaient râpés, il recourait à l’aiguille et au fil, y cousait lui-même une pièce de cuir. Il allait, disait-on, jusqu’à retourner le col de ses chemises. Pendant les vacances d’été, en rapport avec ses études consacrées à Ramuz, Michael voyageait à pied dans le pays de Vaud et le Valais, parfois aussi dans le Jura ou les Cévennes. Souvent, lorsqu’il rentrait d’un tel périple ou quand j’admirais le sérieux avec lequel il faisait son travail, j’avais l’impression d’avoir affaire à quelqu’un qui avait trouvé le bonheur à sa manière, dans une forme de modestie devenue de nos jours presque impensable. […] » (p. 16-17).
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* Dans Valeurs actuelles, du 22 au 28 février 2018, p. 72 :
Amaury Nauroy, Rondes de nuit,
Le Bruit du temps,
2018, 288 pages, 24 euros
“L’auteur emprunte au tableau de Rembrandt non seulement son titre, mais le point de vue de la fillette qui s’est égarée au milieu de la patrouille : en guise de mousquetaires de la milice bourgeoise d’Amsterdam, ceux qu’il voit et qu’il décrit sont de Suisse romande; Henry-Louis Mermod tout d’abord, le grand éditeur si mal connu en France, et les écrivains et artistes qu’il a publiés et défendus, Ramuz, Cingria, Gustave Roud, Philippe Jaccottet ou Jacques Chessex, cercle amical dont l’auteur se fait le chroniqueur à la fois fervent et familier”. (Ph. B.).
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- Dans Le Figaro littéraire, 29 mars 2018, p. 8 :
“Lorsqu’on a rendez-vous pour déjeuner avec François Espéret, une seule question se pose : de quoi ne parlerons-nous pas ? Ce garçon a beau faire, tout l’intéresse : Bob Dylan, “le poète génial, l’avatar contemporain du roi David”, Louis-Ferdinand Céline et la “merveille de Guignol’s band”, Marcel Proust, le Ramuz de La Guérison des maladies, l’argot des classes dangereuses, la prière du cœur de saint Grégoire Palamas, les romans picaresques espagnols, les poèmes de Jean de la Croix, sans oublier Les Corps tranquilles, Les bêtises et Histoire égoïste de Jacques Laurent” (Sébastien Lapaque, “Le poète et les anges vagabonds”).
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