vendredi 17 avril 2009

C. F. RAMUZ, "Chant de notre Rhône", postface de Claude Louis-Combet



Chant de notre Rhône,

postface de Claude Louis-Combet,

éd. Les Amis de Ramuz,

2005



Eau du Léman, "jour de bise qu'elle est toute noire, toute noire et tachée de blanc à cause des moutons qu'il y a[...]; alors, le rivage d'ici est silencieux, les vagues sont pour les Savoyards." (op. cit., p. 28). Photo prise sur la rive savoyarde...

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Paru en 1920, ce livre a été réédité en 1925, 1928, 1929 sous le titre Chant des pays du Rhône, mais Ramuz est revenu au titre primitif pour les Oeuvres complètes de 1941. Nous avons publié certaines des illustrations d'Albert Gaeng pour ce texte, dans le Bulletin 29 (pp.99-103).
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Livre capital pour comprendre Ramuz, sa vision poétique des lieux aimés, mais aussi sa vision du monde, de l'espace et du temps.

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Voici quelques extraits:

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[Le berceau]

"Je regarde tout le temps le Rhône.
Ici à présent est son berceau, avec ses rives en bordure.
La savoyarde, la vaudoise.
Je regarde bouger le berceau entre les deux rives rejointes du bout qui donnent au berceau sa forme, et inégalement elles sont mises en vis-à-vis.
L'ouvrage n'est pas tellement régulier qu'il ennuie, le bon ouvrier n'ennuie pas, le bon ouvrier ne fait pas trop égal, le bon ouvrier s'amuse à des différences." (p. 15).
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[Une petite mer]
"Le lac monte devant vous comme la pente d'un pâturage, les perspectives des murs basculent, cette barque à voile est en haut d'un toit, cet autre toit pend dans rien du tout.
Ici est notre Méditerranée à nous; ici est une petite mer intérieure avant la grande.
[...]
L'immense ciel, qui se creuse au-dessus de vous, il se creuse aussi au-dessous de vous. C'est comme un grand oeil qui regarde et dans quoi aussi on regarde, et on cherche dedans un regard en réponse au sien sans point en trouver dans sa profondeur." (pp. 21-22).
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[Le Père]
"[...] C'est la langue d'oc, ce sont les hommes de chez nous, Valaisans, Savoyards, Vaudois; et, cherchant à connaître enfin la cause de ces ressemblances, je vois l'eau, je trouve de l'eau, je trouve le Rhône et le lac; je vois les espaces du lac être pères de tout le reste [...].
D'autres disent Vater Rhein, pourquoi pas nous aussi? dans notre langue à nous, par vénération et pour remercier, et affirmer une filiation et en même temps une différence, parce que cet autre fleuve pousse vers le nord une eau verte, et celui dont il est question, c'est vers le midi une eau blanche ou bleue, et vers un plus grand bleu encore qui l'attend."(p. 24).

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[Crainte et certitude]
"Ce lac peut-être ne sera bientôt plus pour d'autres qu'une espèce de grand réservoir de forces dont le cubage aura été jaugé, et le volume en sera maintenu par un jeu de vannes: empêchera-t-on pourtant qu'il ne projette vers où il faut la lumière qu'il faut et la chaleur qu'il faut?
[...]
Ils vont changer autour de nous jusqu'aux notions d'espace et aux notions de temps; qu'importe si vit toujours ce coeur qui fait de tout sa nourriture? " (pp. 41-42).
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Enfin le dernier paragraphe:
[Hymne à l'amour]

"Rien ne naît que d'amour, et rien ne se fait que d'amour; seulement il faut tâcher de connaître les différents étages de l'amour." (p. 43).



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